you've got the devil in your eyes ft. ren baocai

YOU'VE GOT THE DEVIL IN YOUR EYES

YOU'VE GOT THE DEVIL IN YOUR EYES

Suite:

YOU'VE GOT THE DEVIL IN YOUR EYES

Ce soir là, elle rentra chez elle, ressassant cette étrange rencontre dans sa tête. Ca n'avait rien d'anodin et cet homme était on ne peut plus mystérieux. Si elle avait été raisonnable, elle aurait appelé les flics et coupé court à cette entrevue. Il pouvait être n'importe qui : un stalker, un psychopathe, un tueur en série. Il pouvait très bien mentir, jouer un rôle, s'inventer une vie, mais au fond d'elle, elle n'avait pas peur. Elle avait l'intime conviction qu'il ne lui ferait jamais de mal, mais ce qui l'inquiétait, c'est qu'elle n'en avait aucune preuve. Rien ne lui assurait qu'il était sain d'esprit. Enfin, de toute façon, elle n'avait d'autres moyens de s'en assurer qu'en le revoyant. Et puis le prochain rendez-vous était un minimum sécurisé, si il y avait quoi que ce soit ses collègues seraient là pour intervenir, elle n'avait donc rien à craindre.

Le lendemain soir, elle se maquilla et s'habilla comme elle le faisait toujours pour aller travailler au He. Il n'y avait pas de dresscode, ainsi, elle pouvait laisser libre court à sa créativité. Elle opta pour un pantalon noir et droit dont les côtés extérieurs étaient tenus par des lacets fins et noirs qu'elle agrémenta avec un croptop style brassière de sport grise et blanche. Des manches de chemises blanches, un col italien, le tour était joué. Elle coiffa ses longs cheveux couleur neige en deux gros chignons, laissant juste deux mèches dépasser pour encadrer son visage délicat. Un rouge à lèvre noir, un peu de fard, de liner et d'highlighter et le tour était joué.
En se rendant au travail ce soir là, elle se sentait un peu différemment de d'habitude. Elle appréhendait un peu. Pas qu'elle ait peur, loin de là, mais elle sentait qu'il se produisait quelque chose en elle quand elle était à proximité de cet homme dont elle avait oublié de demander le nom. Pas seulement à cause des sous-entendu sur une éventuelle relation qu'ils avaient eu, ça allait au-delà de ça. C'était physique, comme si son sang lui-même réagissait à la proximité de cet homme. Elle leva les yeux au ciel. A quoi pensait-elle ? Elle se prenait beaucoup trop la tête.
Elle arriva au bar et pris rapidement son poste. Ce soir, son collègue préféré n'était pas là. Elle aimait bien l'embêter, ça l'amusait et la distrayait de temps en temps. Elle allait donc devoir faire avec ses pensées ! Heureusement, elle adorait son métier.

Les heures passaient et toujours aucun signe de son rendez-vous. Au final, elle n'était pas si surprise que ça. Elle ne connaissait rien de cet homme, si ça se trouve il s'était juste joué d'elle et était passé à autre chose. Même si elle refusait de se l'avouer, au fond d'elle, elle était déçue. Elle était persuadé d'avoir sentie une certaine connexion entre eux. Ne vous trompez pas, ce n'était pas le genre de connexion tout à fait niaise que ressentent les personnages de téléfilms de Noël, c'était quelque chose de beaucoup plus profond, comme si une part enfouie d'elle-même retrouvait quelque chose de familier et rassurant. Elle n'aurait su l'expliquer, elle-même ne comprenait pas cette sensation plus qu'étrange qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant …

Son service toucha à sa fin, et aucune trace de la chevelure rose et de ces mystérieuses marques. Il s'était bien foutu de sa gueule. Elle était du genre rancunière, le comportement de cet homme l'agaçait au plus au point. Et puis comment elle, Ren Baocai, avait pu attendre quelque chose d'un homme ? Ca ne ressemblait pas à la femme libre et indépendante qu'elle était. Elle rentra chez elle en fulminant contre elle-même, scandalisée de se sentir aussi déçue.

Le lendemain, elle retourna au He pour son service sans aucune attente. Habillée dans un style similaire à la veille mais dans des tons plus violets, elle glissa derrière le comptoir et salua He Xuan. Le jeune homme n'était pas particulièrement avenant ou sympathique, mais il n'était pas désagréable non plus, et surtout il l'amusait. Il avait l'air de ne rien connaître du monde actuel, et ça avait le don de la faire se plier de rire. C'était un peu son petit protégé ici.
Elle enchaîna les commandes avec dextérité, se surpassant dans la création et la réalisation des cocktails qui étaient considérés comme les meilleurs de la ville. Bougeant au rythme de la musique assourdissante, elle en oubliait sa déception de la veille et l'existence même du mystérieux garçon. Enfin … jusqu'à ce que He Xuan se rapproche d'elle.

- Fais gaffe, y a un mec qui te regarde bizarrement.
- Mh ?

Elle avait l'habitude qu'on la reconnaisse et qu'on la fixe. Elle avait aussi l'habitude des mecs qui la suivait uniquement pour son physique et qui rêvaient d'une nuit avec elle. Elle regarda d'un bref coup d'œil, sans trop d'intérêt, mais fut surprise de reconnaître ces traits si particuliers. Non mais quel culot il avait celui-là !

- Si il commande quelque chose, sers lui un verre de tabasco pur, ça lui apprendra !

Le jeune homme lui jeta d'abord un regard surpris, puis il haussa les épaules avant de retourner à son poste. De son côté, elle n'eut aucun mal à ignorer celui qui lui avait posé un lapin. De toute façon, elle avait du travail. Mais ce fut plus dur pour He Xuan. Bien que personne ne soit au courant, le jeune homme était une Calamité qui frôlait les 800 ans d'âge, un des démons les plus puissants de toute la Chine. Il savait reconnaître un être maléfique quand il en voyait un. Il posa un regard glacial sur le client qui ne semblait avoir d'yeux que pour sa collègue et tapa d'un air faussement calme son poing sur la table.

- Dégage.

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Si il y a bien une chose que He Xuan détestait, c'était les mecs condescendants dans son genre. Déjà, il n'appréciait absolument pas le regard qu'il posait sur sa collègue. Ce genre de regard appartenait à des hommes lubriques comme ceux qui avaient violé et tué sa soeur et sa fiancée, autant dire que dès qu'il en croisait un comme ça, il n'avait qu'une envie : lui faire bouffer le goudron. Peu importait si cet homme était un démon, une calamité ou un suprême, s'il osait lever une seule main sur sa collègue il ne laisserait pas cela passer.

Il s'est levé et a proféré quelques menaces, comme si cela allait impressionner le suprême qu'était He Xuan. Dommage qu'il ne puisse pas faire étalage de sa puissance, sans quoi il l'aurait déjà envoyé dans le décor. Lui arracher les bras ? Il eut un faible sourire en coin et se pencha sur lui par-dessus le bar, le regardant de haut. Il sentait la puissance de son adversaire, il n'était pas à prendre à la légère, mais sa force ne lui faisait aucunement peur, il avait largement confiance en ses capacités.

- M'arracher le bras tu dis ? Essayes un peu et c'est ta tête qui va voler.

Lui non plus ne plaisantait pas, il était on ne peut plus sûr de lui. Leur échange de regard provoquait presque de l'électricité tant il y avait de tension. Quelques quidam autour d'eux s'étaient même éloignés de quelques pas et murmuraient entre eux, craignant qu'une bagarre éclate.

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Elle eut beau vouloir ignorer l'inconnu aux cheveux roses, elle ne put rester indifférente lorsque son -pas si- jeune collègue s'en mêla. Elle était tranquillement entrain de préparer un énième cocktails quand un habitué l'interpela.

- Qu'est-ce qu'il a le petit nouveau ? Je l'ai jamais vu s'prendre le chou avec un client !

En effet, He Xuan s'était toujours montré calme, même face aux ivrognes qui pouvaient l'embêter certains soirs. Ce n'était pas son genre de s'énerver contre un client. Mais de toute évidence, ce client-ci était particulier et l'avait, d'une manière ou d'une autre, poussé à bout. Elle soupira. Elle lui avait pourtant demandé de ne pas s'en formaliser, et maintenant il allait falloir qu'elle intervienne. Et qu'elle parle à l'autre, chose dont elle n'avait qu'une envie. En quelques enjambées elle rejoignit son collègue et posa sa main manucurée sur son bras pâle, levant un regard sérieux vers lui.

- Qu'est-ce qu'il se passe ici ?
- Je crois que monsieur est un peu trop énervé, il devrait faire un tour ailleurs voir si j'y suis.

Ah, les hommes et leur besoin de démontrer leur supériorité en toute circonstance ! Elle ne pensait son collègue comme ça, ça la décevait un peu. Elle posa un regard blasé sur le client qui n'en était pas un.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

Elle sentait qu'à côté d'elle, He Xuan continuait à fixer d'un oeil mauvais son homologue. Ne voulant pas que la situation s'aggrave, elle posa ses mains sur les épaules de son collègue et le fit se retourner avant de le pousser doucement dans la direction d'où elle était venue.

- Je gère, ne t'inquiète pas. Tu veux bien t'occuper de mes commandes ?

Bien sur, il n'avait d'autres choix que d'accepter. Son regard qui s'était adouci retomba alors sur sur l'inconnu et se durcit. Elle croisa les bras sur sa poitrine, attendant sa réponse.

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Il plongea son regard dans le sien, et malgré elle, elle se sentit ébranlée. Ce regard … elle le connaissait, il lui disait vaguement quelque chose. Elle détourna le regard en fronçant les sourcils. La voir, et puis quoi encore ?

- Je t'ai donné une chance mais tu n'as même pas pris la pe…

Il ne la laissa même pas finir, reprenant un air on ne peut plus sérieux. Parler ? Décidément il se foutait vraiment de sa gueule. Elle lui avait laissé l'occasion, il ne l'avait pas saisi, tant pis pour lui. C'était une femme fière, mais surtout très rancunière, et elle digérait mal qu'on lui ai posé un lapin. En fait, ce qu'elle digérait vraiment mal, c'était sa propre réaction. La déception qu'elle avait ressenti, comme si elle attendait quoi que ce soit de cet inconnu sorti de nulle part. Pourtant, il y avait définitivement quelque chose entre eux. Elle ne croyait pas au coup de foudre. Elle ne croyait pas aux âmes sœurs, ni aux contes de fées. Elle croyait aux histoires basiques sans passion et qui se terminaient mal. Mais voilà le problème : dans ses souvenirs, elle n'avait pas en mémoire d'avoir eu une quelconque histoire avec lui. Mais son âme, elle, semblait se rappeler de certaines choses, ou en inventer, elle ne savait pas. C'était une sensation particulièrement étrange et déplaisante.

- J'ai pas le temps de te parler, je travaille.

Il l'attrapa par le bras et insista d'un ton sans appel. Il avait beau paraître menaçant avec ses traits durs et son air de gangster, elle savait qu'elle ne risquait rien avec lui. C'était viscéral, ancré dans sa peau et dans ses nerfs : jamais cet homme ne la blesserait. Elle le toisa un instant, pesant le pour et le contre, et soupira d'agacement. Elle dégagea son bras et se tourna vers une collègue à elle qui revenait de la salle avec une tonne de commandes.

- Tu peux me remplacer cinq minutes ? J'ai une urgence.

La pauvre collègue accepta sans vraiment avoir le choix et Baocai contourna le bar pour rejoindre son étrange inconnu. Il la prit par le poignet et l'emmena vers la petite cours intérieure dans laquelle ils jetaient les poubelles. Une fois arrivé, elle dégagea sa main et s'assit sur le rebord du muret, le regardant alors de haut de part sa position. Elle appuya son talon contre le muret et posa son coude sur son genou, soutenant sa joue dans sa paume.

- Bon, vas-y, je t'écoute.

Il avait intérêt de ne pas se foutre de sa gueule et de vraiment lui dire les choses, sans quoi elle ne lui laisserait aucune autre chance.

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Il s'est dangereusement approché d'elle, entrant sans scrupule dans son espace personnel. Elle aurait foutu un coup de bien à n'importe qui d'autres aurait osé, mais puisque c'était lui, son pied refusa de bouger. Elle sonda son regard sombre, se demandant ce qu'il pouvait bien avoir à lui dire. Au fond d'elle, elle savait que c'était quelque chose qui dépassait l'entendement, une chose qu'on ne voyait que dans les films ou dans les mauvaises fictions. Un truc du style "Bella, je suis un vampire". Elle tentait de repousser cette idée en bloc, c'était bien trop absurde pour être vrai.

" Tu vois ces fléaux que tu es capable de voir ? "

Et merde, ça commençait mal … elle ne réagit pas et attendit la suite. Un fléau … Un fléau [italic]puissant[/italic] qui plus est. C'était ridicule, elle aurait du rire et le prier d'être un peu sérieux. Pourtant, elle restait statique, le regard plongé dans ses prunelles sombres à attendre la suite. Parce qu'il y avait une suite, ça s'entendait dans le timbre de sa voix. Y avait-il quelque chose d'encore plus inavouable que d'être une créature à moitié démoniaque ?
Alors qu'elle réfléchissait encore à si elle devait le croire ou non, il enchaîna sur la propriété de son corps. Cette fois s'en était trop pour ses nerfs qui lâchèrent tout à coup. Elle explosa de rire à s'en plier en deux et à se tenir les côtes. Ce n'était pas drôle, loin de là. C'était juste la seule réaction que son corps avait trouvé pour extérioriser l'angoisse, la peur et l'incompréhension qu'elle ressentait à cet instant. Il ne mentait pas, il était parfaitement sérieux. Il n'y avait pas une once de mensonge dans ce qu'il disait, et son âme elle-même lui disait qu'elle le savait déjà, que ça n'avait rien de surprenant.

Entre deux éclats de rire, elle parvint à prendre son souffle et posa une main sur l'épaule du fléau et couvrit sa propre bouche de sa main libre. Elle s'en voulait d'avior un telle réaction, elle avait conscience que j'homme avait dû rassembler beaucoup de courage pour lui dire quelque chose d'aussi gros, pourtant, c'était tellement inconcevable pour son esprit qu'elle ne pouvait s'empêcher de rire.
Le parvint à reprendre le dessus sur son stress. Elle se laissa glisser du muret, se retrouvant debout face à cet homme qui la dépassait de plsu d'une tête, beaucoup trop proche de lui. Elle ne savait quoi dire. Déjà parce qu'elle avait honte de sa propre réaction, mais surtout parce qu'elle le croyait. Elle se mordit la lèvre et regarda ailleurs, serrant sn bras droit de sa main gauche. Elle faisait toujours ça quand elle se retrouvait à devoir chercher ses mots. C'est un tic qu'elle avait depuis toute petite et qui avait traversé les âges. Puis, quand elle troûva ses mots, elle leva son regard doré vers lui, plantant ses iris dans les siennes.

- C'est complètement absurde ton histoire … Mais tu ne mens pas, pas vrai ?

Elle n'attendait pas de réponse. Il n'avait pas besoin de parler, elle savait.

- Ca fait aucun sens ce que tu dis, pourquoi est-ce que je te crois ? Je dois être aussi folle que toi !

C'était tout simplement inconcevable pour son petit esprit humain étriqué, du moins son esprit humain du 21e siècle. Elle ne le savait pas, mais à une époque lointaine où les démons abondaient sur Terre et où les Divinités écoutaient réellement les humains, tout cela lui avait paru mon saugrenue. Elle l'avait cru sans même se poser de questions : il n'avait même pas eu besoin de parler. Elle avait juste su.
Pour l'heure, elle avait besoin d'en savoir plus pour comprendre et s'assurer qu'elle n'était pas juste stupide à croire à des histoires pareilles.

- Tu es donc un … un fléau. Et on t'a scellé ? Pourquoi ? Et pourquoi tu réapparais maintenant ? Dans ce corps ? C'est le corps de qui d'ailleurs ..?

Elle avait encore des milliers de questions mais simplement pas assez de souffle pour toutes les poser.

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Pour la première fois, elle le laissa faire lorsqu'il glissa une caresse sur sa joue, et même lorsque se saisit délicatement de son menton. Elle plongea son regard dans le sien, ayant besoin d'un minimum de soutien pour digérer la nouvelle. C'était trop gros, ça dépassait tous les entendements. Aucun humain n'aurait un jour imaginer entendre ça, et encore moi Baocai qui ne croyait en presque rien. Elle était forcé de constater que les monstres existaient : elle en voyait tous les jours, mais elle n'avait jamais voulu se pencher plus sérieusement sur la question. Sans doute avait-elle peur, au fond.

" Calme toi Yanmei ..."

La claque était partie toute seule quand elle avait réalisé qu'il avait osé l'appeler par le prénom d'une autre. Elle le poussa soudainement et s'échappa de son emprise, hors d'elle. Il la prenait pour une idiote depuis le début ! "Je suis un fléau, ce n'est pas mon corps" ? Mais quelle imbécile finie d'avoir osé croire ne serait-ce qu'une seconde que ça pouvait être vrai. Il se jouait juste d'elle, voilà tout ! Elle se sentait humiliée. Mais il y avait autre chose que l'humiliation. Aux tréfonds de son âme, elle sentait comme un écho. "Yanmei" ... Ce nom ne lui était pas totalement étranger. Il résonnait en elle, comme si elle était sensée le connaître ...

Alors qu'elle s'apprêtait à retourner dans le bar, elle fit volte face et toisa le jeune homme avec un air sévère. Elle n'avait qu'une solution : demander qui était cette Yanmei. Parce qu'elle avait beau être en colère, se dire qu'il s'était juste foutu d'elle, elle savait qu'elle avait tort et que cet homme était on ne peut plus sincère sur son histoire.

- C'est qui cette "Yanmei" ? Et t'as intérêt à me répondre sinon je te jure que t'es pas prêt de me revoir !