EVENT HALLOWEEN

Shi QingXuan eut un mouvement de recul, surprise par la réponse de He Xuan. Ce baiser... ce baiser ressemblait à un baiser d'adieu, rempli d'amertume, de culpabilité et de souffrance. Une boule douloureuse se forma dans sa gorge. Et une vague de tristesse envahissait son cœur. C'est comme si tout son monde s'écroulait, partait en miette, se désagrégeait. Les larmes aux yeux, elle l'affrontait du regard. La jeune femme se voulait être forte. Courageuse. Mais... Ces mots étaient comme des coups de poignards dans son cœur.

"Alors... C'est comme ça? Ça se termine avant même d'avoir commencer?"

Shi QingXuan savait... Elle comprenait pourquoi il avait peur. Pourquoi il se sentait coupable. Mais... Jamais elle n'aurait pensé que ces mots lui feraient autant de mal.

"Qu'est-ce que je me suis imaginée? Je suis tout bonnement une idiote."

À cette pensée, Shi QingXuan essuya les larmes qui perlèrent sur ses joues. Elle ne devait pas lui montrer qu'elle avait mal. Alors elle fit ce qu'elle a toujours su faire.

Sourire. Cacher cette peine au fond de son âme. Camoufler sa douleur.

Comme si Shi QingXuan sentait une autre aura derrière elle, une autre voix, plus sournoise, plus malicieuse retentit dans son esprit. Deux mains invisibles lui prirent les épaules.

"Regarde comment tu es sale... Tu es sale... Aurais-tu oublié? Aurais-tu oublié le nombre d'hommes que tu as satisfait sous les ordres de ta mère? Leurs bouches touchant chaque centimètre de ton corps..."

La jeune femme se figea. Son visage se cacha derrière ses cheveux. N'est-ce pas vrai?

" Qui pourrait t'aimer? Tu es tellement sale. Immonde. Tu devrais retourner d'où tu viens. Et faire ce que tu sais si bien faire: ouvrir les jambes et recevoir ce que ces hommes te donnent."

Shi QingXuan secoua la tête, chassant cette voix de son esprit. Elle pointa un doigt vers la joue de He Xuan et s'amusa à le tapoter ainsi, l'air de rien. Elle tentait de lui offrir un de ses plus beaux sourires. Mais les commissures de ses lèvres tremblaient... Rendant la situation encore plus difficile.

"_ He-Xiong… En voilà une manière de rembarrer une jolie jeune femme. Tu sais... En continuant ainsi, tu resteras toujours tout seul."

Se rendant compte de ses paroles, elle se mordit les lèvres. La Calamité n'était-elle pas restée de longues années dans son antre avant de ressortir à l'air libre? La belle sirène bondit sur ses jambes et s'inclina rapidement en s'excusant:

"_ Pardon! Pardon! Pardon! Je suis désolée! Je n'avais pas le droit de dire ça!"

La petite sirène prit ses jambes à son cou et s'engouffra dans la foule, laissant He Xuan tout seul au stand. Les larmes ne s'arrêtant guère de couler sur sa peau, elle voulait juste disparaître.

" Tu es sale... Si sale. IMMONDE. Retourne d'où tu viens!"

Les voix, elles, s'intensifièrent.

Une jeune femme s'était installée à côté de sa table et demanda quelque chose au serveur mais il s'en foutait.
La foule continuait de passer devant ses yeux vitreux. Des monstres de toutes sortes. De toutes les couleurs. Il avait l'impression d'être déjà parmi eux depuis longtemps.
Il soupira et fini la bouteille d'un coup, un petit filet d'alcool coulant sur son menton. Sa main rendue incertaine par l'ivresse posa la bouteille sur la table.

La jeune femme l'interpella. N'ayant pas comprit ce qu'elle disait, il se tourna vers elle.
Il cru que ses yeux lui jouaient des tours. Derrière la pirate, un Kitsune. Pas n'importe lequel. Son frère. Celui-là même qui avait perdu la vie et qui avait réussi à revenir.

Oubliant tout le reste, il se redressa comme il pu et demanda d'une voix plaintive et un peu pâteuse.

- Wei Wuxian ? GeGe ?

Lin Sashara retourna à son sirotage de cocktail. Elle ignora complètement les yeux foudroyant de son professeur. Son regard se portait sur la foule. Elle enchaîna boisson sur boisson, s'octroyant quelques pauses gustatives. On lui avait toujours dit que pour tenir l'alcool, il fallait manger entre chaque verre. C'est ce qu'elle faisait, et jamais, elle avait eu de difficultés après.

Jusqu'à ce que la pirate aperçoit au loin une silhouette familière: une sirène aux longs cheveux châtainElle bondit sur ses jambes, renversant sa chaise. Le bruit fit grogner son voisin ivrogne. Elle sauta par-dessus la balustrade et se précipita vers son amie. Elle la rattrapa rapidement, lui saisit le bras et la retourna.

Shi QingXuan frottait ses yeux, cachant ses larmes à Sashara. Une rage folle se propagea dans son corps. La sirène n'avait pas besoin de parler. La pirate lisait toute sa peine sur son visage. Sashara la conduisit jusqu'au bar et l'assit, non loin de la table de son professeur. Elle sortit une nouvelle fois sa bourse de son décolleté et ordonna au tenancier de ne servir que des cocktails sans alcool à Shi QingXuan.

"_ Tu ne bouges pas d'ici. J'ai des comptes à régler."

Sashara se retourna et vit He Xuan au seuil de l'établissement. Elle vit rouge. Elle traversa le bar. Ses poings la demangeaient. La Calamité s'arrêta. Les deux se jaugèrent du regard. Jusqu'à ce que le "jeune" homme amorça un mouvement en direction de Shi QingXuan.

Bang!

L'aquaman fut soulevé dans les airs. Un craquement sonore se fit entendre. Shi QingXuan s'avança, inquiète.

"_ Sashara... Ne lui fais pas de mal."

Pas de mal? C'est un peu tard, non? Furieuse qu'on fasse du mal à Shi QingXuan, Sashara se rapprocha de la Calamité, prit son col et déclara:

"_ Dès que je t'ai vu, j'ai su que je devais te tenir à l'écart de QingXuan. Je t'ai toléré par respect pour elle. J'ignore ce qui s'est passé entre vous. Mais ses larmes... Je sais que tu en es le seul responsable."

Sashara avait une aura sombre. Meurtrière. Elle craqua ses doigts.

"_ Disparais. Je ne veux plus te voir autour d'elle."

Il crut d'abord rêver... Il ne pouvait pas croire que c'était bien lui. Jiang Cheng, l'ancien Chef du Clan Jiang de Yunmeng, avait bu. Il avait bu au point de laisser des cadavres de bouteilles en verre sur le comptoir du bar.

- Wei Wuxian ? GeGe ?

Wei Ying fit un pas en arrière lorsqu'il vit la haute et massive silhouette de son frère se lever. Même si sa voix semblait pâteuse et plaintive, son dos à la jolie courbe et ses jambes précieuses ne se souvenaient que trop bien des coups de Zidian. Il déglutit difficilement.
Jamais Jiang Cheng ne l'avait appelé GeGe... Il ne l'appelait que par "Wei Wuxian". Et entendre son nom dans cette bouche, sa bouche, ça lui faisait l'impression de recevoir un coup d'épée dans le cœur.
Avec lenteur, il s'approcha de son frère, le contemplant avec tendresse de son doux regard noisette. Le Jiang ne semblait pas dans son état normal. Et puis, quel déguisement. En fait, il était bien misérable dans cet état. Il avait l'impression de le revoir lorsqu'il avait perdu son Noyau d'Or. Mais là, Wei Ying ne pouvait rien faire pour son cadet.

"-Chef- Jiang Cheng ? Que se passe-t-il ? Que faisais-tu à l'instant avec cette jolie pirate ? Tu as enfin trouvé LA femme ?"

Il posa son bras finement musclé sur l'épaule de son cadet, esquissant un délicieux sourire malicieux qui rehaussait la beauté de son magnifique visage. Il tapotait légèrement son nez superbement sculpté, exquisement narquois. Pour une fois qu'il pouvait se jouer de son cadet, il en profitait.

Puis, il commanda un verre d'alcool à une serveuse non loin de lui. Lui faisant son plus beau clin d'œil, il semblait qu'elle n'était pas insensible à ses charmes. Il décida d'en jouer quelque peu, se rapprochant doucement de la jolie serveuse sous les yeux de Lan Zhan. Si bien que la serveuse sortit de son décolleté un numéro de téléphone. Ravi, Wei Ying lui fit son plus beau sourire, faisant tourner le papier entre ses fins doigts.

Il soupirait en voyant son amour secret ne pas l'écouter, mais il ne pouvait pas le laisser seul, encore moins avec le Jiang ainsi. Il avait trop peur qu'une scène similaire au mont Dafan se reproduise, sans oublier ce qui s'était produit entre les deux frères treize ans plus tôt.
Ainsi, il resta sur ses gardes très proche de Wei Ying pour contrer toutes tentatives d'attaques.
Il fut stupéfait en entendant Wanyin appeler le beau Kitsune ainsi. Le "Gege" était sorti de sa bouche avec naturel, à cause de ça, Lan Zhan était prêt à sortir son arme.
Mais Wei Wuxian posa des questions à son frère d'arme, en posant sa main sur son épaule. Cette attitude l'énervait un peu, à cause de la peur de la suite des événements. Il n'avait pas du tout confiance en l'ivrogne, mais pas du tout.

Puis, il vit son aimé demander un verre et il soupira, la soirée serait vraiment longue entre son amour qui picolait et le bourré. Il soupira assez fort, avant de grogner en voyant l'échange de SON amour avec la serveuse. Elle avait osé lui donner son numéro, contre un clin d'œil de son Wei Ying et son merveilleux sourire, qui devrait lui être réservé
Le sang du Lan bouillit un peu plus et il détourna le regard rouge de rage et de jalousie.

Il détourna alors la tête et alla s'assoir, surveillant dans l'ombre tous les mouvements et paroles de son tendre.
Avec tout cela il ne s'était pas aperçut du départ précipité de son élève.

Supporter son regard empli de larmes était l’épreuve la plus dure que He Xuan ait enduré. Et ses larmes, cette brèche dans son cœur, une fois de plus, c’est lui qui les engendrait. Et pour la première fois, son sourire lui brisa le cœur. Il le savait faux, créé de toutes pièces pour masquer ses émotions, pour qu’il ne se sente pas coupable, et ça avait l’effet tout à fait inverse. Il regrettait d’avoir rompu ce baiser, d’avoir prononcé ces mots, car il ne pourrait plus faire marche arrière à présent. Il lui avait brisé le cœur une fois de plus, il n’était pas sûre qu’elle puisse trouver la force de le pardonner à nouveau. Pour lui, ses raisons justifiait ce rejet, il avait cela dans l’unique but de la protéger. Ou peut-être se cachait-il derrière cette excuse car il avait peur, peur de s’engager, peur de la décevoir, peur de risquer de la perdre.

- He-Xiong… En voilà une manière de rembarrer une jolie jeune femme. Tu sais... En continuant ainsi, tu resteras toujours tout seul.

Il écarquilla légèrement les yeux, surpris par ses paroles si tristement vraies. Il le savait. Il était seul depuis de longs siècles. Et la seule personne qui l’avait sorti de sa solitude maladive se tenait devant lui, s’excusant aussitôt de ses paroles de vérité. Il ne pouvait que la contempler, lui-même choqué. Il réalisait doucement qu’il était entrain de la perdre une deuxième fois. Elle était entrain de lui échapper, une fois de plus par sa faute, et l’idée qu’elle disparaisse à nouveau de sa vie le terrifia. Il sorti de sa stupeur juste à temps pour la voir se fondre avec la foule, s’évanouissant dans la nature. Il repris peu à peu le contrôle de ses sens et voulu partir à sa poursuite, se heurtant aux fêtards aux déguisement affreusement ridicules et encombrants, l’empêchant de passer, le poussant dans tous les sens et le faisant perdre son objectif de vue. Lorsqu’il réussit enfin à se défaire de la foule, Shi Qingxuan n’était nulle part. Il continua son chemin dans les hutongs, le regard alerte, inquiet, cherchant sa belle des yeux. Il l’aperçu finalement, tirée vers le bar par une jeune pirate qu’il ne connaissait que trop bien et qui ne présageait rien de bon. Il fallait qu’il rattrape sa belle sirène, qu’il s’explique, qu’il s’excuse avant que la situation ne devienne irréparable. Il s’avança, insensible à la pseudo-menace que représentait Sashara. Pourtant le choc fut violent, il se retrouva projeté à terre, laissé pris au dépourvu. Si il n’était pas aussi obsédé par l’image de Shi Qingxuan au fond du bar, il aurait peut-être mieux évalué la menace, il aurait peut-être mis plus de force dans ses mouvements pour se stabiliser et esquiver. Mais non, il était à terre et se relevais en ne pensant rien d’autre que « je l’ai mérité ». Rapidement, Sashara fut à son niveau, ses yeux le foudroyant de toute leur haine. Elle s’accrocha à son col et parla avec dédain, mais il ne l’écouta pas. Il la toisait de toute sa hauteur et chassa sa main, se libérant de sa poigne.

- Il faut que je lui parle. Ecarte-toi.

Il n’a pas entendu qu’elle le fasse, il s’en est occupé lui-même, se contentant de la pousser sur le côté pour marcher jusqu’à sa sirène. Pour la première fois de sa vie, il mis un genou à terre. Pour la première fois, il s’inclina devant autrui, laissant de côté sa position de force, sa haute taille et toute sa grandeur pour être en-dessous de Shi Qingxuan, plantant son regard dans le sien.

- Qingxuan, écoute-moi … Ce n’et pas parce que je ne veux pas de toi, au contraire … Tu as déjà tellement souffert par ma faute … Je n’apporte que le malheur et la mort à ceux qui m’approchent et je ne supporterai pas que ça t’arrive. Qingxuan … Tu es ce que j’ai de plus précieux. Je pourrai m’infliger mille ans de solitude si c’était pour assuré ta sécurité …

Shi QingXuan ne toucha pas au jus de fruit que le serveur lui apporta. Elle ne se rendit pas compte du départ de sa meilleure amie, Sashara. Mais l'aura que la pirate dégageait lui faisait craindre le pire...

En levant son regard, Shi QingXuan vit Sashara repousser He Xuan. Son coeur eut un court battement. Il l'avait poursuivi. Mais est-ce que la belle pouvait résister à le voir? Est-ce qu'elle voulait vraiment qu'il s'explique?

" Il ne te mérite pas..., Fit la voix. Regarde comment tu es sale. IMMONDE... Comment pourrais-tu lui plaire? C'est normal qu'il te repousse."

Shi QingXuan frissonna. C'est vrai... Elle était sale. Combien d'hommes et de femmes elle avait dû coucher pour que sa mère touche toujours plus de subventions pour financer ses campagnes de mannequinat? Comment pouvait-elle plaire à He Xuan ? Jamais la Calamité voudrait d'une personne ayant couché avec tant d'autres individus...

La sirène ressentit une grande douleur dans son cœur. Elle frotta sa poitrine, pensant que l'affliction partirait rapidement. Mais... Ce ne fut pas le cas. La souffrance s'installait peu à peu dans son corps.

Jusqu'à ce que la jeune femme vit He Xuan se faire plaquer au sol par Sashara. Malgré les mots durs de l'homme, elle s'inquiéta pour sa Calamité.

"_ Sashara... Ne lui fais pas de mal..."

He Xuan se releva, écarta Sashara de son chemin et s'agenouilla devant Shi QingXuan. La belle sirène ne savait plus où regarder. Où se mettre. Leurs regards se croisèrent, s'enchainèrent. Seulement... Shi QingXuan ignorait si elle allait pouvoir résister à l'envie de le détourner.

"_ QingXuan, écoute-moi... Ce n'est pas parce que je ne veux pas de toi, au contraire... Tu as déjà tellement souffert par ma faute... Je n'apporte que le malheur et la mort à ceux qui m'approchent et je ne supporterai pas que ça t'arrive. QingXuan... Tu es ce que j'ai de plus précieux. Je pourrai m'infliger milles ans de solitude si c'était pour assurer ta sécurité..."

Sashara soupira de dédain. Elle s'était adossée contre un pilier, les bras croisés, non loin du couple.

"_ Es-tu à ce point idiot, démon? QingXuan se sent en sécurité avec toi.
_ C'est vrai..."

Shi QingXuan hésita ensuite à poursuivre sa phrase. Ses yeux vitreux n'exprimaient plus aucune émotion. Sashara écarquilla ses iris vairons, et se redressa correctement. Son regard portait derrière sa meilleure amie. Une lueur d'inquiétude brillait dans ses yeux.

"_ Pourquoi devrais-tu te sentir coupable? Je suis responsable de ton malheur... C'est mon frère qui t'a arraché à ta famille. Qui a inversé ton destin. C'est moi qui aurait dû être à ta place..."

Shi QingXuan se sentait complètement coupée du monde. Ce n'était pas la même sensation que lorsqu'elle avait embrassé He Xuan.

"_ Et je suis si sale... Comment pourrais-tu m'aimer?"

Doucement, Sashara posa sa main sur l'épaule de la Calamité.

"_ Quelque chose cloche, He Xuan."

"-Chef- Jiang Cheng ? Que se passe-t-il ? Que faisais-tu à l'instant avec cette jolie pirate ? Tu as enfin trouvé LA femme ?"

Cheng avait froncé les sourcils. De qui il parlait ? Le temps que l'information monte à son cerveau embrumé, son frère était parti draguer une serveuse.
Il enleva cette cape ridicule qui lui serrait le cou. Le monde tanguait mais c'était bon. Comme une berceuse pour s'endormir. A-Ling serait ravi.

Il se retourna vers la clique qui avait rejoint le bar. Son frère, le frigo-toutou, une sirène avec son gars à écaille et un... Une ? Pirate.
Il ne savait pas pourquoi mais il s'avança devant le tenancier et aplati sa bourse. De toute façon, ça représentait rien pour lui alors bon...

-Tout ce que ces gens commanderont, je le paie.
Il pointa du doigt son frère.
- Et lui, vous lui donnez quatre jarres de Sourire. Merci.

Les quatre jarres en main, il s'assit devant Wei Ying après les avoir posées sur la table. Avec un petit sourire, presque tendre, il planta ses yeux gris et vitreux dans ceux de son GeGe.

-On partage ?

Sashara remarqua une espèce de brouillard sombre s'accrochant à Shi QingXuan. Sashara s'approcha et observa le phénomène.

"_ Qu'est-ce que..."

La jeune femme avait l'impression qu'un esprit s'alimentait des émotions négatives des personnes. Elle jeta un coup d'œil à la Calamité. L'avait-il senti? Mais lorsqu'elle se retourna, une aura similaire enveloppait He Xuan. Sashara perçut que cette chose ne provenait pas de ce démon. Il n'était donc pas responsable de l'état de Shi QingXuan. Mais lui, non plus, ne semblait pas être dans son état normal.

"_ Quelque chose cloche..."

Shi QingXuan continuait à dire qu'elle était sale. Immonde. Qu'elle ne méritait personne. Sashara se dirigea vers le barman et demanda un verre d'eau fraîche. Elle retourna auprès de son amie. Elle espérait seulement que son idée allait marcher.

"_ Bois ça."

La belle sirène l'écouta. Mais son regard restait dans le vague. Ailleurs. Et cela ne cessait d'inquiéter Sashara.

"_ He Xuan, peux tu la raisonner?... Je sais qu'elle sera en sécurité avec toi."

Bien qu'elle se refusait de l'admettre, si un danger se présentait la Calamité pouvait réagir. Tandis qu'elle... Elle pourrait toujours avoir une de ses crises... Et dans ces cas-là, elle ne pourrait pas faire grand chose. Elle décida de suivre son instinct et suivit cette sombre trainée qui allait hors du bar.

Lorsqu'il vit que son ShiDi portait quatre bouteilles du Sourire de l'Empereur, cet alcool merveilleux qui lui avait valu d'être puni sévèrement par Lan Qiren, Wei Ying en eut le souffle coupé.

-On partage ?

Il esquissa un tendre sourire en faisant reposer ses mains délicates sur la sublime jarre au blanc neigeux.

"-Tu ne comptais pas boire sans moi, hein DiDi ?"

Il lui piqua une des jarres de ce délicieux alcool. Il coinça le doux tissu qui recouvrait la bouteille entre ses belles lèvres, tirant sur le textile blanc avec douceur à l'aide de ses adorables dents de lapin. Sa bouche sensuelle se reposa sur le goulot fin de la bouteille, le liquide chaud et enivrant glissa dans sa superbe gorge avec sensualité, le réchauffant ainsi.

La liqueur coula avec délice sur son délicat menton, effleurant même la pulpe exquise de ses lèvres suaves. Il buvait l'alcool comme de l'eau, se fichant pas mal de ce qui pourrait lui arriver.

Il continua de boire l'intégralité de la bouteille avant d'entendre une mélodie, une mélodie hypnotique, au timbre sensuel. D'un gracile revers de la main, il effaça l'alcool qui roulait sur sa chair fine. Il posa la jarre sur la table avec douceur avant de se mouvoir, avec sensualité, en direction de la plus grande table du bar.

Il monta sur la table avec grâce, aidé par de jolies filles qui minaudaient en le voyant. Il esquissa un radieux, un délicieux sourire malicieux en croisant le regard doré de son Lan. D'un geste sensuel, il fit voler sa somptueuse chevelure de jais aux puissants reflets ambrés, ce même irrésistible sourire charmeur à ses voluptueuses lèvres.

Entraîné par la suave mélodie, il laissa ses hanches voluptueuses se mouvoir avec sensualité. Il fit un clin d'œil aguicheur, provocateur à Lan Zhan alors que, de ses fins doigts, il défaisait la ceinture en soie noire qui maintenait tout ce somptueux mais vil tissu sur son corps si finement et si divinement sculpté.

Lan Zhan ne perdait pas des yeux les deux anciens frères Jiang.
Il ne se levait pas, faisant attention aux mouvements, assez sensuels et érotiques de son Wei Ying.
Il ne voyait clairement jouer avec ses cheveux après lui avoir lancé un sourire aguicheur. Il grogna légèrement et il serra les poings, il dut se faire violence pour ne pas se lever d'un bond et de se précipiter sur lui. Il était si jaloux de ses femmes qui tournaient autour de lui, même du goulot de la bouteille qui touchait ses fines et merveilleuses lèvres, qui ressemblait à des roses.

Alors qu'il avait baissé les yeux, quelques secondes de son amour, pour éviter de se sentir trop serré dans son bas, il ne le vit pas immédiatement enlever sa ceinture, qui accentuait sa svelte et splendide silhouette.
Quand il le vit, il faillit faire un infarctus, et il se leva enfin pour le rejoindre.
Il était un peu furieux de le voir ainsi, il refusait qu'il se déshabille en public, car même s'ils n'étaient pas en couple, il lui appartenait.

Il se mit face à lui et le regardait attentivement

- Wei Ying! , dit-il en serrant des dents.

Il devait se contenir pour ne pas sauter sur ses lèvres et son corps, qui lui donnait tant envie. Il l'aimait, mais il n'osait pas lui avouer, car il ne savait pas ce que pensait l'autre de lui.
Il refusait de perdre son amitié, s'il lui disait et si ce n'était pas réciproque, alors il se murait plus profondément dans le silence, en attendant rien qu'un petit signe pour lui faire sa confession.

Maintenant qu'il avait le regard de Shi Qingxuan sur le sien, il ne voulait plus le lâcher. Il y lisait aisément la confusion, la déception et la tristesse. Il aurait tout donné pour effacer ces émotions de ses beaux yeux ... Il aurait donné sa vie contre la garantie que ce beau regard serait toujours rempli de joie et de malice.

- Es-tu à ce point idiot, démon? QingXuan se sent en sécurité avec toi.

Il grogna légèrement à l'intervention de l'humaine. Il la détestait. Sans doute jalousait-il sa relation avec sa belle, ou sa stupide humanité.

- C'est vrai...

La voix de Qingxuan coupa court à toutes ses pensées. Son esprit se focalisa entièrement sur la jeune femme, incapable de penser à autre chose ... Elle se sentait en sécurité ... avec lui ..?

- Pourquoi devrais-tu te sentir coupable? Je suis responsable de ton malheur... C'est mon frère qui t'a arraché à ta famille. Qui a inversé ton destin. C'est moi qui aurait dû être à ta place...

Quelque chose était étrange ... Son regard était vague, presque absent ... mais il se faisait happer par ses mots, par ses yeux qui brillaient d'une lueur étrange. Il posa sa main sur sa joue et fronça légèrement les sourcils en remarquant l'ombre noire qui flottait mollement autour de sa belle, presque imperceptible. Il avait beau voir cette forme vaporeuse, son esprit était trop embrumé, comme s'il ne parvenait pas à traiter l'information.

- Tu n'es pas responsable, c'était ton frère ... Tu n'es pas responsable pour ses actes ... Pardonne-moi d'avoir mis autant de temps à le réaliser ...
- Et je suis si sale... Comment pourrais-tu m'aimer?
- Qu'est-ce que tu racontes ...? Tu es la personne la plus immaculée que je connaisse ... Ce sont mes mains qui sont sales ...

C'est un joyeux dialogue de sourds qu'ils échangeait là. Il baissa le regard et observa ses mains qui lui apparaissaient maculées de sang.

- Je ... J'ai tué tant de personnes, causé tant de souffrance ...

Ses sourcils se froncèrent légèrement. Ces voix qui murmuraient à ses oreilles, répétant ses propos ... Quelque chose clochait. Il sentit la main de l'humaine sur son épaule qui lui confirma ses pensées. Quelque chose clochait et il ne l'avait même pas remarqué ...

"Incapable ... Tu es incapable, tu ne peux même pas protéger la seule personne qui tient encore à toi ... Démon de pacotille ... Faible ..."
Ce n'était pourtant pas dans son habitude de penser ce genre de chose. Enfin, plus ou moins, mais pas ainsi. Et cette sensation ... elle lui rappelait la sensation d'ivresse quand l'alcool inondait ses veines. Il ferma les yeux un instant, essayant de se concentrer. Il entendit le bruit autour de lui être de plus en plus étouffé par ces voix intérieures. Ce n'était pas normal. Il laissa son aura démoniaque ressortir l'espace de quelques secondes, suffisant à éloigner les voix qui résonnait dans sa tête. Il rouvrit les yeux et cette fois il le vit, cet esprit qui flottait péniblement autour de Shi Qingxuan. Son unique pouvoir suffit à faire fuir la créature qui s'en alla flotter ailleurs. Shi Qingxuan venait de terminer son verre d'eau et son regard cessait peu à peu de se perdre dans le vague.

- He Xuan, peux tu la raisonner?... Je sais qu'elle sera en sécurité avec toi.
- Reste ici.

Il dessina un motif au sol du bout des doigts qui s'illumina faiblement aux yeux de toute personne possédant de l'énergie spirituelle. Le sort les protégerait contre ce genre d'esprit malveillant pour un petit moment.

- La fête des morts attire les mauvais esprit, sans parler de toutes les invocations que font de jeunes idiots en quête d'aventure. Si ces choses ont réussi à s'en prendre à Qingxuan et à moi-même, tu te ferais dévorer jusqu'à n'être qu'une coquille vide.

Faible humaine qu'elle était.

Il saisit doucement les mains de Qingxuan, posant à nouveau son regard dans le sien.

- Qingxuan, tu m'entends ? Nous ne devrions pas nous attarder ici ...

Il se fichait bien que d'autres humains ou cultivateurs soient victimes de ces esprits. Tout ce qui lui importait c'est que son aimée soit en sécurité et qu'ils puissent dissiper ces malentendus l'esprit clair.

Shi QingXuan regardait l'échange entre Sashara et He Xuan. Mais la pirate en avait décidé autrement. La belle sirène craignait pour la vie de son amie. Son esprit se remettait peu à peu de l'emprise du démon.

"_ Qu'est-ce que..."

Sashara avait déjà disparu dans la foule. Shi QingXuan se mit debout, craignant pour la sécurité de son amie. Elle sentit les mains douces et froides de He Xuan sur les siennes. Aussitôt ses sens se mirent en ébullition. Chacune des caresses qui lui procurait, lui provoquait des palpitations, des boules de chaleur dans tout son corps. Encore une fois, elle savait pertinemment les sentiments qu'elle portait envers la Calamité.

"_ QingXuan, tu m'entends? Nous ne devrions pas nous attarder ici..."

Une part de la jeune femme voulait rentrer, mais une autre part voulait rester avec Sashara. Pourquoi He Xuan était-il devenu si tendre? Si gentil?

"_ He Xuan... Des mots ont été dit."

Shi QingXuan ne pouvait pas lui pardonner. Elle se promit de ne plus être naïve. De ne pardonner trop facilement. Elle lâcha les mains de celui qu'elle aimait.

"_ J'ai besoin de temps pour digérer tout ça."

Oui. C'était ça. Le faire patienter. Le faire languir était la meilleure façon de se venger. La sirène osa le regarder dans les yeux. Elle lui souria.

"_ J'espère que tu me comprends."

Il vit le sourire de son frère et ses mots lui arrachèrent un sourire joyeux.
"-Tu ne comptais pas boire sans moi, hein DiDi ?"
Il prit une autre bouteille avec lui et le regarda aller chauffer les foules comme il savait si bien le faire.
Le Jiang se demanda s'il ne devait pas le rejoindre. Oui, cette idée ne lui serait jamais venue à l'esprit sobre. Mais là, il n'en avait plus rien à foutre.
Une voix plus persistante, tout au fond, lui chuchota qu'il allait tout gâcher.

Il grogna un peu et finit sa bouteille qui alla rejoindre ses camarades tombées au combat. Son hésitation persistait encore. Alors il entama sa deuxième bouteille et la porta à la santé de son frère qui dansait sur une table à moitié à poil, ce qui, il fallait le reconnaître, le faisait bien marrer.

Puis il prit une grande rasade et se lécha les lèvres avec bonheur. L'alcool l'aidait toujours à aller mieux. Dommage qu'il ne s'en souvienne pas, sinon il boirait plus souvent !

Sashara s'engouffra toujours plus loin dans la foule, suivant inlassablement le brumeux fils. Peu à peu, la musique, l'odeur de la nourriture et les discussions se perdirent. Seul, un immense vide la guidait.

"Assassin... Assassin..."

Sashara fronça les sourcils. Cette voix... Était la sienne. Pourquoi disait-elle ce genre de chose? Jamais elle n'avait commis de crime. À cause de sa différence, elle s'était toujours battue. Maintenant, à cause de sa maladie, elle se battait encore. Toujours.

"As-tu oublié d'où tu venais? Qui t'as mise au monde?"

Sashara pensa tout de suite à sa mère. Mais elle ne l'avait jamais vu. Jamais rencontré. Puisqu'elle était morte peu de temps après sa naissance. Elle ne se souvenait plus de sa voix, de son visage, de son odeur.

"Assassin... Assassin..."

Sérieux. Cette voix n'avait que ça à la bouche? Elle ne pouvait pas changer de disque?

"Maudite, tu es."

Maudite? Oh. Super. Quelle nouvelle surprenante. Et qui pourrait avoir lancé? Sashara entendit un ricannement. La pirate se retourna mais ne vit personne. Tout ce qu'elle remarqua c'est qu'elle était sortie du cimetière.

"_ Ta mère a volé tout ce que j'avais."

Une silhouette noir jaillit de troncs d'arbres décharnés.

"_ Et donc vous avez décidé de la tuer? Et de me maudire? Dois-je vous dire que vous manquez cruellement d'inventivité? Fit Sashara."